Peindre avec des alkydes : réglage de la pâte et du temps de séchage

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Je parle dans cet article des couleurs alkydes pour artistes. J’utilise les Alkydes Griffin de Winsor et Newton. Mais d’autres marques de produits Beaux-Arts en proposent.

Huiles alkydes, medium Liquin Original, flacon pipette d’huile de lin cuite.

Les alkydes sont des peintures à l’huile dont le liant (l’huile) est modifié par des résines alkydes. Elles sont diluables avec des solvants comme l’essence de pétrole ou l’essence de térébenthine. Ce ne sont pas des huiles à l’eau, contrairement à certaines alkydes pour la décoration d’intérieur. Les alkydes ont l’avantage de sécher très rapidement, en quelques heures (sec au toucher en 6 à 12 heures, tout dépend du taux d’hygrométrie de l’air). La rapidité de séchage peut dérouter les utilisateurs d’huile classique et même être gênant quand on aime travailler longuement dans le frais. Certaines couleurs de la gamme sont carrément tirantes au sortir du tube. D’autres couleurs sont plus butyreuses. La seule couleur qui a le moelleux de l’huile classique est le blanc de mélange… Donc, à moins de peindre au couteau ou alla prima, si l’on veut faire des glacis et des fondus, il est nécessaire de régler la consistance de la pâte.

Peinture alkyde en jus, très maigre.

Pour une pâte maigre, des jus, on dilue avec de l’essence de pétrole ou de la térébenthine. Le séchage va être accéléré. On peut se servir de cette pâte liquide pour faire des fonds, ou bien pour une écriture, une touche très marquée et vigoureuse, avec de grosses traces de brosses. Mais on peut effacer les coups de pinceaux avec une brosse souple et gérer les effets picturaux.

Peinture alkyde de consistance “classique”, une pâte ni trop liquide, ni trop épaisse : la demi-pâte française..

En ajoutant le médium Liquin Original, et en malaxant au couteau à peindre, on peut régler la pâte pour obtenir une consistance souple mais sans perte de valeur : la demi-pâte française. Si on ne malaxe pas le Liquin et qu’on le mélange sommairement à la couleur, on va obtenir une pâte avec plus de tenue. Pour faire des empâtements séchant vite, Winsor et Newton propose le médium Oléopasto. Le rendu final sera plus mat qu’avec le Liquin qui est satiné.

Glacis à l’alkyde.

Pour faire des glacis, le meilleur médium, à mon sens, reste le Liquin Original. Winsor et Newton (et d’autres marques) propose des médiums alkydes fluides qui n’apportent, de par mon expérience, pas la souplesse d’utilisation du Liquin original. ces médiums fluides tirent rapidement, n’ont pas l’avantage de la thixotropie.                                     Le secret, c’est de bien mélanger la couleur avec le Liquin Original, qui est un médium “figé” au repos, au couteau à peindre. Le produit étant thixotropique, le malaxer va le fluidifier et permettre une application en couche fine, précise, permettant de longs gestes. Le médium malaxé reste liquide assez longtemps (+/- 1 heure). Puis, il reprend lentement sa consistance “figée” qui garde les traces des brosses. On peut aussi diluer ce médium à l’essence de pétrole ou à la térébenthine. Il sera alors légèrement plus détendu et restera liquide, mais on perd en “gras” (nom de l’effet d’onctuosité caractéristique des huiles).

Fondus à l’alkyde allongée à l’huile de lin cuite, pour les zones de dégradés du ciel.

Pour faire des fondus, je n’ai rien trouvé de mieux que de rajouter simplement une goutte d’huile de lin cuite (boiled linseed oil) pure à une noisette de couleur. La pâte s’allonge en gardant sa valeur, sa texture. Elle gagne en onctuosité et on retrouve cette douceur plaisante des huiles classiques. Elle devient très souple et autorise des fondus très faciles. Mais elle sèche rapidement ( ce que j’apprécie !). L’huile de lin cuite apporte de la brillance à la pâte.

Dernier secret : pour AUGMENTER significativement le temps de séchage des alkydes, et travailler dans le frais sans sentir tirer le pinceau à la fin de la séance : on ajoute une goutte d’huile de lin CRUE à une noisette de couleur !

On peut ainsi mélanger une goutte d’huile de lin cuite ou crue à la couleur sortie du tube. En ajoutant de l’huile de lin cuite ou crue au au Liquin Original, on peut se composer LE médium à peindre qui correspondra à notre manière de peindre. Après, tout n’est qu’une question de goût, de sensation, d’effet recherché…                             De par leur nature, les alkydes sont idéales pour une peinture alla prima, ou au couteau. Lorsqu’on les utilise en couches fines, elles sont nettement moins exigeantes que les huiles classiques concernant la règle du gras sur maigre, et autorisent des effets intéressants qui ne remettent pas en cause la pérennité des oeuvres. En réglant la pâte, par ajout d’huile de lin, de Liquin, en les malaxant ou pas, elles ont toutes les possibilités de l’huile classique.